Le mardi 28 octobre 2025, nous avions un rendez-vous avec Madame Petitjean, secrétaire générale de la préfecture.
Vous trouverez ci-dessous le compte rendu de cet entretien que j’ai d’abord envoyé par correction à la Secrétaire Générale le jeudi 6 novembre qui m’en a accusé réception le 9 novembre, ce que nous avons apprécié.
Le compte rendu
Nous avons été reçus Maxence d’Espeuilles et moi par Mme Petitjean, Secrétaire Générale de la préfecture que nous avons remercié d’avoir bien voulu nous accorder ce rendez-vous.
Mme Petitjean était accompagnée par 3 personnes, ce que nous avons découvert au démarrage de la réunion.
Il s’agissait de Mme Dedienne, directrice adjointe de la DDT, de Mme Markovic, directrice adjointe à la direction du pilotage interministériel et de Mr Chaberneau, responsable DREAL pour la Nièvre et l’Yonne.
Ayant rencontré 17 maires autour de Maux, le directeur de la DDT Pierre Papadopoulos, les députés Patrice Perrot puis Julien Guibert, les sénateurs Patrice Joly et Nadia Sollogoub, le président du conseil départemental Fabien Bazin ainsi que la sous-préfète de Château-Chinon, Yosr Kbairi puis Émilie Acquistapace, il nous a semblé opportun de vous rencontrer pour faire un point global sur le projet éolien à Maux et sur les nombreux points d’interrogation que soulève ce projet
IFER et TFPNB
En mars 2023, le promoteur Solvéo a annoncé 134.000 € / an de retombées fiscales pour la commune, sans détailler ses calculs (somme évidemment très importante pour une commune dont le budget annuel est de 100.000 € !).
Après vérification par notre association, la DGF disparaissant pour tout ou partie du fait de l’IFER versé, c’est en fait neutre ou pratiquement neutre pour la commune, ce dont nous avons tout de suite informé le promoteur par mail.
Ce dernier est revenu en février 2024 et a alors annoncé 57.000 € de retombées annuelles, soit moins de la moitié, sans aucune explication, alors qu’il n’y avait eu aucun changement en 1 an.
Nous avons fait part à la direction de Solvéo de notre surprise sur ce qui nous semblait être de l’amateurisme et nous attendons toujours la justification des 57.000 €/an
Ce point n’a pas fait débat lors de notre réunion.
Remise en état du site en fin d’exploitation
Les échanges ont été presque exclusivement entre nous et le représentant de la DREAL qui ne comprenait pas pourquoi nous doutions de l’enlèvement des 1500 t de béton armé par éolienne puisque :
1/ le démontage complet est explicitement prévu par la loi (avec une importante dérogation néanmoins)
2/ la constitution d’une garantie financière est demandée au promoteur en fonction de la puissance (pour une éolienne de 4 MW, 130.000 €) : le calcul du montant de cette garantie est fixé dans l’arrêté du 22 juin 2020 donc avant que les éoliennes de 240 m en bout de pale, soient mises en œuvre.
Ce n’est que vraiment depuis très peu d’année que des éoliennes de 240 m en bout de pale sont installées : elles ne seront démontées que dans 20 ans minimum. À ce jour, nous n’avons donc aucune expérience sur le coût d’enlèvement de ce type de machine. (y compris sur l’enlèvement des 1500 tonnes de béton armé par éolienne enfouies dans le sol)
Les éoliennes à démonter aujourd’hui sont de 1ère ou 2ème génération, donc beaucoup plus petites, sachant que les toutes premières éoliennes ne mesuraient que 50 m.
Contrairement à la DREAL, nous pensons que le coût de démontage (yc l’enlèvement du béton armé jusqu’à la semelle) dans 25 ans pour ces éoliennes de 240 m, sera bien supérieur à la garantie financière exigée aujourd’hui.
En effet le démantèlement qui avait été ordonné pour le parc éolien ERL-Valeco à Lunas, met en lumière la problématique des coûts réels de déconstruction.
Après sept années de contentieux, la Cour d’appel de Nîmes avait confirmé le 7 décembre 2023 le démantèlement de ces 7 éoliennes de 93 mètres de hauteur, ce qui n’a pas clos la procédure qui a continué jusqu’en cassation.
Néanmoins lors de l’appel, l’exploitant Valeco estimait le coût de démantèlement à 171 000 € par éolienne, soit 1,2 million d’euros pour l’ensemble du parc, un montant qu’il jugeait insoutenable financièrement. Cette évaluation concerne des machines de taille relativement modeste (93m, environ et 2,3 MW) installées sur un site sans difficulté d’accès particulière.
Si le démantèlement d’éoliennes de 93 mètres nécessite déjà 171 000 € selon l’opérateur, qu’en sera-t-il pour les nouvelles générations d’éoliennes atteignant 250 mètres de hauteur ? Le rapport hauteur/coût n’est pas proportionnel : les défis techniques, les moyens de levage nécessaires et les volumes de matériaux croissent exponentiellement.
Cette affaire démontre que même pour des éoliennes de taille modeste, les provisions financières actuelles apparaissent largement insuffisantes face aux coûts réels invoqués par les exploitants eux-mêmes l(a garantie financière n’était alors que de 50.000 €/éolienne).
Pour nous « rassurer », le représentant de la DREAL nous a appris qu’il y aurait bientôt une opération de démontage dans l’Yonne où toutes les contraintes de remise en état prévues seraient respectées. Il a ensuite précisé qu’il s’agissait d’une opération de repowering (remplacement d’éoliennes existantes en fin de vie, donc pas très hautes puisqu’elles datent d’une vingtaine d’années, par de nouvelles beaucoup plus puissantes) : pour pouvoir mener une telle opération, il faut d’abord obtenir une autorisation préfectorale ce qui oblige de facto à une remise en état obligatoire avant d’implanter de nouvelles éoliennes, le bloc de béton armé initial ne pouvant être réutilisé.
Même si dans ce cas les contraintes seront respectées, cela ne nous donne aucune garantie pour l’avenir s’il n’y a pas d’opération de repowering au terme des 25 ans d’exploitation.
Location ou achat des parcelles
Par ailleurs, nous estimons n’avoir aucune garantie de remise en état lorsque les parcelles sont louées (ce qui est systématiquement le cas) et non achetées par le promoteur, d’autant plus que les parcs éoliens changent très souvent de propriétaire.
Sur ce dernier point, Solveo ne fait pas exception à la règle : sur son site, nous apprenons que sur les 3 derniers parcs venant d’être mis en production, 2 ont déjà été vendus, l’un à BayWa r.e et l’autre à TTR.
La garantie de démontage, en particulier du béton armé jusqu’à la « semelle » sera-t-elle respectée ?
Dans les 2 cas ci-dessus il s’agit de sociétés européennes, ce qui est un tout petit peu rassurant, mais en fait rien ne nous garantit qu’il n’y aura pas ultérieurement des promoteurs non européens intéressés par un rachat, ni que les parcs éoliens qui sont des entités autonomes ne seront pas mis en faillite, que cela soit fait volontairement ou non.
Sur notre site nous indiquions que nous serions beaucoup plus tranquilles si les terres d’implantation étaient achetées et non louées, les contraintes pour les propriétaires étant bien supérieures à celles des locataires.
Pour la Secrétaire Générale et pour le représentant de la DREAL, nous n’avons aucun souci à nous faire, selon eux, les obligations « suivant » les différents exploitants.
Nous ne sommes évidemment pas aussi certains que ces obligations soient respectées….
Vent
En ce qui concerne l’absence de vent, la DREAL nous a fait remarquer que la Bourgogne, comme nous l’écrivions dans notre papier préparatoire, n’est pas la région la moins ventée de France.
Nous lui en avons donné acte.
Par contre la Nièvre est bien un département peu venté comme l’avait précisé un ancien préfet, M Daniel Barbier :
« La Nièvre n’est clairement pas un territoire propice à un fort développement éolien, faute de vent » (JDC du 02/11/2022)
Non artificialisation des sols (loi Climat et résilience de 2021)
Un point qui nous a surpris, c’est que cela ne semble pas poser un problème à la DREAL si la majorité du béton armé reste dans le sol au cas où en fin d’exploitation d’un parc éolien, il ne serait enlevé comme cela est possible sous certaines conditions, qu’1 m de béton armé pour un terrain agricole et 2m dans une zone forestière, les cultures n’ayant pas besoin de beaucoup de profondeur, comme cela nous a été affirmé !
Ce n’est pas en cohérence avec la loi Climat et Résilience de 2021, prévoyant le zéro artificialisation des sols en 2050, avec une étape intermédiaire déjà importante en 2031.
L’implantation d’une éolienne de 240 m nécessite un bloc de béton armé de 1500 t (soit 10.000 t pour les 6 prévues), ce qui va absolument à l’encontre de cette loi dès 2031, même si ce bloc est réellement enlevé au bout de 25 ans et encore plus s’il n’est pas enlevé du tout, comme cela est possible si le promoteur a disparu et que la charge soit transférée au propriétaire de le parcelle, voire à la commune..
La population locale autour de Maux
Nous avons rappelé aussi les 15 délibérations contre ce projet éolien des mairies environnantes et la forte opposition des habitants de ce territoire ainsi que la motion votée par la CCSMGL, notamment contre la pollution lumineuse que cela apporterait.
Label RICE
En ce qui concerne ce label, la DREAL nous dit ne pas avoir eu connaissance à ce jour d’un problème posé par des éoliennes à proximité d’une zone ainsi labellisée mais que si le cas se produisait il serait traité par les autorités compétentes. En fait le nombre de lieux labellisés RICE en France n’est que de 7, ce qui explique probablement qu’il n’y ait pas eu encore de contentieux.
Le label RICE qui a été attribué à une zone précise du parc du Morvan, l’a été parce que la zone en question a une très faible pollution lumineuse la nuit et que les communes faisant partie de cette zone se sont engagées à encore la diminuer.
Maux étant immédiatement limitrophe de 3 communes du parc, Saint Péreuse, Moulins- Engilbert et Sermages situées dans la zone labelisée, il est incongru d’y implanter 6 éoliennes qui clignoteront toute la nuit de manière synchronisée, avec au moins 20 flashs par minute
Communication du promoteur
La Secrétaire Générale a reconnu que l’absence de communication pendant 22 mois, c’est-à- dire depuis l’implantation du mât de mesure du vent en décembre 2023, était tout à fait anormale.
Conclusion
Pendant tout l’entretien, nous avons compris que nous surprenions très fortement certains de nos interlocuteurs en ayant fait cette démarche auprès d’eux, puisqu’il n’y avait aucun dossier déposé par le promoteur à la préfecture, ce qui en soi est une bonne nouvelle mais qui ne garantit en rien l’avenir.
Nous avons donc précisé qu’il valait mieux anticiper plutôt qu’agir dans l’urgence, raison pour laquelle nous avons demandé ce rendez-vous afin de présenter nos arguments pour une aide à la décision dans le cas où le projet se poursuivrait.
Madame Petitjean a bien voulu nous confirmer la bonne réception de ce CR en nous assurant avoir bien compris notre message.
La réponse de la SG
PETITJEAN Stephanie PREF58
Expéditeur :stephanie.petitjean@nievre.gouv.fr
À :saint pereuse elie
dim. 9 nov. à 18:21
Bonsoir Monsieur,Je vous remercie de cet envoi.
J’ai bien compris votre démarche et votre inquiétude sur ce projet.
Comme j’ai pu l’évoquer nous n’avons à ce jour aucun dossier déposé mais nous serons vigilant si tel venait à être le cas.Cordialement,
En conclusion :
POINT DE SATISFACTION
La préfecture est désormais avertie officiellement et a entendu nos arguments
POINT DE VIGILANCE
Aucune démarche n’a encore été faite à ce jour par le promoteur Solveo auprès de la préfecture mais nous ne connaissons pas ses intentions futures, abandon ou poursuite du projet
Nous devons donc toujours rester vigilants et mobilisés.